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«
Comment tu te sens ?
▬ Je ne veux pas avoir l'air acide ou quoique ce soit mais honnêtement, c'est la pire question à poser à quelqu'un qu'on vient d'assassiner. »
Eh bien, il fallait s'y attendre.
Mino le savait mais, ça n'était pas moins abrupte pour autant. Quatre cent ans de solitude avaient pesé sur elle et finalement elle avait craqué. Elle qui n'arrivait pas a se lier avec personne de son univers allait seulement embarquer une personne tierce dans cette histoire, une personne qui serait dépendante dans un premier temps et qui a terme, probablement, s’attacherait. Elle ne serai plus jamais seule. C'était l'idée de base. Même en y repensant après coup, Mino pouvait voir a quel point c'était l'idée la plus merdique qu'elle avait eu depuis des décennies. Elle se revoyait là, tapie dans l'ombre à observer l'étudiante asiatique , a quel moment les choses avaient-elles réellement merdées ? Elle n'en était plus certaine – est-ce qu'elle l'avait seulement jamais su?- ça n'avait plus aucune forme d'importance parce qu'elle était passée a l'acte après deux ans d'espionnage honteux.
Elle avait enlevé la gosse et elle l'avait comme tuée.
Elle venait de le dire.
Puis elle avait passé quatre jours et demi assise dans cette pièce crasseuse de cette cabane de chasseurs a fixer le corps secoués de convulsion de la fille. L'idée qu'elle avait fait une connerie plus grosse qu'elle l'avait tout à coup frappée. Comment elle allait gérer un vampire nouveau né sans la moindre stupide expérience en la matière ? Sérieusement Mino, délicieuse idée ! Naturellement les parents et la police avaient cherché la petite mais les autorités avaient fini par conclure qu'elle avait fugué avec un quelconque gars rencontré a une soirée, aux vues des mœurs déliées de la petite. Après ça, la vampire brune avait pu se détendre un peu.
Pas beaucoup.
La blonde poussait parfois des hurlements tellement violents qu'ils raisonnaient a l'intérieur de son corps de marbre. Et ce n'était
pas une mince affaire. Vraiment pas.
Le reste du temps elle avait été aux prises avec sa conscience et surtout avec ce qu'elle allait bien pouvoir raconter à l'autre quand elle se réveillerai. Dans sa tête elle avait tout bien organisé mais au moment ou la fille avait ouvert les yeux et s'était enfin redressée en position assise après ce qui avait du être une heure et demi de contemplation, elle avait seulement sorti un genre de diarrhée verbale totalement atroce.
La blonde ne l'avait pas coupée , elle l'avait seulement dévisagé avec si peu de gène et tellement d'intensité que la plus âgée avait fini par se sentir mal a l'aise. Mino avait même douté que sa locutrice l'écoutait réellement. Alors a tout hasard elle avait posé la pire question possible.
Li-Lian n'avait jamais manqué de répartie.
○○
Elle avait vraiment essayé de comprendre.
Il n'y avait rien a faire pourtant.
Estomaquée Mino, regardait les trois vampires qui étaient assis en tailleurs au centre de son salon. Deux d'entre eux, des mâles lui étaient totalement inconnus. Face a eux, la mine mortellement concentrée, se tenait Li-Lian Guo. La fille qu'elle avait transformé trois ans plus tôt. Dénuée de la moindre méfiance ou de la moindre notion élémentaire de savoir vivre, Li-Lian ne se souciait absolument jamais de la façon dont les choses pouvaient tourner. Mino ne se sentait jamais en sécurité ou en paix a ses cotés mais elle s'accrochait a cette présence qu'elle avait tant espérée , tant attendue. Similaire a l'étudiante populaire qu'elle avait été dans sa vie humaine, l'asiatique s'était assez vite adaptée et elle était douée pour trouver leur semblables et se lier avec eux. Elle était plus vaillante et plus ouverte que sa créatrice ne le serait jamais.
«
Ne faites pas attention a elle. Mino est ..eh bien comment je suis sensée le dire ? Est-ce que tu es un genre de Mère? »
Li-Lian avait gloussé en relevant les yeux de sa partie de carte tout a coup comme si cet éclat de rire était suffisamment important pour qu'elle le manifeste de tout son être. Leur relation était étrange. La blonde avait été acerbe avec elle dans un premier temps mais elle lui avait assez rapidement pardonné son égoïsme. Ses parents lui avaient manqué dans un premier temps mais elle s'était faite a l'idée de les observer de loin. Ce n'était pas qu'elle ne leur était pas attachée mais elle ne comprenait pas a quoi il servait de s'ancrer a des choses qu'on ne pouvait plus obtenir et qui nous faisaient souffrir. Un jour elle leur avait envoyé une carte pour leur dire qu'elle allait bien et qu'elle était heureuse la ou elle était.
Mino et Li-Lian avait quitté Palerme ou elles s'étaient rencontré et s'étaient installées à Florence pendant un temps. Là , la nouvelle née en temps que vampire avait commencé a faire montre d'un grand talent de persuasion et d'une grande force de caractère. Elle avait appris a se maîtriser autour d'Humains en l'espace de deux ans et surtout avait tissé des liens assez fort avec plusieurs vampires de la région. C'était comme si elle les attirai.
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«
Pourquoi tu as peint ce tableau ?
▬ A toi de me le dire ? C'est toi la psychiatre non ? Je ne sais pas , je le trouve ...édifiant. »
Huit ans. Cela faisait huit ans qu'elles n'étaient pas revenues a Palerme.
Les parents de Li-Lian étaient retournés en Chine depuis quelques années et elles avaient elle-même fait leur part de chemin. Deux ans au paravant , Lili avait commencé a peindre, a dessiner, à sculpter. Elle s’épanouissait de cette façon. Elle lui avait même dit un jour que si elle avait du vivre : ç'aurait été pour l'Art. Alors comme il était encore un peu tôt pour tenter de la laisser reprendre les études, Li-Lian avait compenser en dessinant.
Elle avait fait la rencontre d'un galeriste humain un jour alors qu'elle peignait sur un des ponts de Venise et il avait été comme subjugué par la force et la brutalité précise, tranchante de son trait. Il l'avait invitée a dîner, Li-Lian avait accepté même si elle en avait beaucoup rit. Après cette rencontre il lui avait commandé un ensemble de 20 toiles, de quoi organiser une exposition et l'affaire avait été lancée.
Ça avait connu un certain succès en vérité, bien plus que ce qui avait été attendu.
Plusieurs œuvres avaient été vendues dès les deux premières semaines d'expositions et parmi elles, la pièce maîtresse de cette collection.
Le Portrait d'un assassin.
Son assassin.
Celui de Li-Lian.
Des yeux d'un vert presque luisant – celui qui avait été le sien avant qu'elle ne soit transformé – un teint d'une pâleur perle , des cheveux sombres et une bouche carmine qui ornaient un visage a la symétrie mortelle.
C'était dur a définir.
Il y avait quelque chose d'une cruelle vérité dans ce portrait, dans l'intensité qui en émanait.
«
Tu m'en veux encore.
▬ Ne soit pas stupide Mino. Si tu devait le regretter tu aurai mieux fait de t'abstenir.
▬ Pardon ?!
▬ Ne te l'as-t-on jamais dit auparavant ? Le plus lâche des assassins c'est encore celui qui a du remord. Ne soit pas Pathétique. Si je t'en voulait autant, j'aurai levé le camps depuis longtemps, il n'y a rien que tu puisse faire pour me retenir après tout. »
Et Mino s'était tue.
Après ça elles iraient s'installer a Verone pour quelques temps.
Li-Lian disait que là-bas peut-être elle trouverai une nouvelle source de divertissement.