L'Italie. Un pays où je ne pensais pas remettre les pieds pendant encore trois ou quatre siècles. Et pourtant m'y voici, ayant suivi Garrett et Kate à l'instar de Tanya et Carmen. Malgré mes craintes de me sentir aussi proche de Volterra et de ses si sinistres princes. Je fut des leurs, à une époque, Aro trouvant en mon don le parfait moyen d'agrandir sa garde avec ceux des nôtres dotés de capacités intéressantes pour lui. Carmen fut ma délivrance, et c'est sans retour que je la suivait, alors que nous nous exilions finalement sur le Nouveau Continent, puis à Denali, auprès des sœurs du même nom. Des décennies ont passé alors que le nom de Volturi et la méfiance associée disparaissaient petit à petit de mon esprit. Jusqu'à ce que les Cullen ne réveillent leur intérêt, et, autant j'apprécie chacun de nos cousins, autant ce jour là, j'aurai préféré ne pas les connaitre. Cependant, nous sommes une famille, et que ce soit concernant Nessie, ou au jour d'aujourd'hui, nous ne pouvions pas rester en arrière tandis qu'ils se portent en première ligne. Une bataille à venir? Si Carlisle sait se montrer diplomate, préférant la parole au combat, je crains qu'en face, on ne sompte que laver l'affront de notre dernière rencontre.

Enfin, quitte à être en Italie, autant en profiter pour visiter les alentours, d'autant plus que Vérone est une ville agréable à traverser. Pourquoi le Castelvecchio? Il me fait légèrement penser à ces châteaux d'un passé depuis longtemps révolu déjà à mon époque, que l'on trouvait dans ma région natale. De l'autre coté du ponte y menant, le point de vue est remarquable. Et la nuit tombée depuis quelques heures maintenant n'enlève rien de sa splendeur.

Il y a ces fois où vous appréciez simplement d'admirer le paysage, sans attendre qui ou quoi que ce soit. C'est en général dans ces situations que quelque chose d'aussi inattendu que désagréable vous tombe dessus. Et l'odeur de chien mouillé qui me prend soudain le nez me montre que cette fois-ci ne dérogera pas à la règle. Impression qui se confirme quand le-dit loup s'installe à coté de moi avant de me prendre à rebrousse poil.

"Vous, pour commencer. Ensuite, je vous imagine assez mal partisan de la protection des animaux."

Je tourne le regard vers lui, offrant à sa vue des prunelles dorées, et non pas rouge comme il devait s'y attendre.

"Il y a plus d'un siècle que j'ai renoncé au sang humain, vous arrivez un peu tard pour m'offrir votre morale."

Je retiens une insulte à l'encontre de sa nature lupine, me contentant d'un juron dans ma langue natale, plus automatique qu'autre chose.

"Si vous chercher des sanguinaires, vous vous êtes trompés de ville. Allez plutôt voir à Volterra."

Même si j'espère pour lui qu'il a une solide meute à sa suite pour ça. Parce que tout seul, il ne franchira pas même Démétri, alors espérer s'approcher des princes italiens...

Je n'ai guère comme habitude de me montrer irrespectueux envers quiconque ne l'a pas mérité. Mais quand on l'est avec moi, je sais l'être en retour.

"Et je pensais jusqu'il y a quelques années que seul un loup-garou pouvait sentir le chien galeux à ce point. Les siècles passent, mais on a toujours quelque chose à apprendre, il semblerait."

L'homme affirme ensuite être de Volterra. Ce qui doit expliquer son aversion pour notre espèce. Seulement, faudrait veiller à pas mélanger les torchons et les serviettes. Je n'ai plus rien à voir avec les Volturis depuis près d'un siècle, et c'est quelque chose auquel je tiens. Tanya fera toujours un bien meilleur chef qu'Aro. Il me donne une information importante malgré lui, cependant. Un Quileute perdu en Italie? Moi qui pensait que l'animal de compagnie des Cullen allait se sentir seul en terre inconnue...

"Plus si seul, il semblerait. Un bon ami de la famille est des vôtres. Je sais ce que vous pensez, ça ressemble au pire mensonge qu'on puisse trouver. Mais je pense qu'il pue bien assez le chien mouillé pour que même vos faibles qualités olfactives le discernent. Jacob Black, si ça vous cause."

Je tourne le regard vers le château, de nouveau, semblant oublier jusqu'à sa présence. Je le laisse digérer l'information une minute avant d'enfoncer le clou, d'une voix assez distante pour presque mimer me parler à moi-même. Mais je sais qu'il a l’ouïe fine.

"Si vous êtes un ennemi des Volturi, alors nous sommes dans le même camp, que cela vous plaise ou non."

Je me contente d'acquiescer à ses paroles tout en restant silencieux. Cette conversation, certains d'entre nous l'ont déjà eue avec les loups de la Push, et on n'est toujours pas sorti du débat "qui sent le plus mauvais?" Si on évitait s'y retourner... je compte laisser les migraines à Alice.

A sa question concernant les Black, j'apporte une précision qui me semble importante.
"Je connais Jacob." Si il me demande comment s'appelle l'arrière grand père du loup...je laisse ça à Carlisle. Sa grand-mère était la cousine du grand père de Jacob... ils sont cousins germains, pour faire simple. "Quel intérêt aurai-je à vous raconter "des conneries"? Black est ici, à la suite de mes cousins. Il passe d'ailleurs tout son temps libre avec ma petite cousine."

Révoltant, du point de vue d'un loup? Surement assez pour que la rumeur ai circulé dans les meutes. Un loup et une demi-vampire, chose peu commune s'il en est. En attendant sa réaction, je l'ignore toujours autant, observant les battements d'aile d'un pigeon allant se poser sur les pierres du château. Si il me donne faim? Y a rien à manger sur un oiseau. Je tique cependant quand il se met à supposer que je puisse être des Volturis, et je dois mettre en œuvre une grande partie de mon calme pour ne pas être brutal dans ma réaction. Je prend d'ailleurs le temps de quelques uns de ses battements de cœur avant de lui répondre, ne tournant pas davantage le regard vers lui mais mon attention lui revenant tout de même.

"Je l'ai été." Je lui lance un coup d’œil rapide, pouvant le sentir se tendre suite à mes paroles. "J'ai fait partie de la collection d'Aro, c'est vrai. Mais j'ai retrouvé ma liberté. Et si ce n'était par ma loyauté à ma famille, je ne serais pas dans ce pays aujourd'hui."

Je décide de changer d'approche, et de sujet par la même occasion. Ça m'évitera peut-être d'abimer le parapet à force de serrer ma main autour de la roche.

"Que savez-vous des Black?"

Un autre que moi aurait pu s'amuser de l'empressement mêlé d'affolement du loup à coté de moi. Les Blacks sont une telle légende qu'imaginer les voir descendre de leur piédestal est si compliqué? Jacob en rirait surement. Autant que Carlisle ne comprendrait pas attiser l'envie de nombre des nôtres avec la capacité d'adaptation aux humains dont fait preuve sa famille. Pour eux, c'est naturel, et si simple.

"Les Cullen et les loups ont appris à faire front commun pour protéger les humains de leur ville face à une menace trop grande pour chacun des deux clans séparés." J'hésite à savoir si je dois en dire plus. Sans doute que Jacob voudra informer son cousin lui-même de ses histoires d'imprégnation. "D'abord contre une armée de nouveaux-nés, puis face aux Volturis... Aro leur a d'ailleurs témoigné un intérêt tout particulier. J'imagine que c'est la raison principale de la présence de Jacob ici. Pouvoir prévenir la meute si le temps passe à l'orage."

Pour le reste, qu'il demande au loup lui-même. Leurs secrets de famille ne sont pas les miens.
D'ailleurs, ce loup-ci a parfaitement raison. Quitter les Volturis n'est pas chose aisée, et je ne dois qu'à Carmen d'y être parvenu.

"Vous avez raison, c'est loin d'être simple. L'une des membres de la garde possède le don de créer et briser des liaisons familiales comme elle l'entend. Elle s'en sert fréquemment pour forcer à la plus fidèle des loyautés ceux qui songent à s'écarter des trois Anciens. Je dois mon salut à mon épouse. Chelsea n'a rien pu faire face aux sentiments que nous éprouvions l'un pour l'autre. Et mon don est tout juste assez intéressant pour Aro pour qu'il ai préféré me rendre ma liberté plutôt que me tuer. A vrai dire, il était convaincu qu'il ne faudrait pas un demi-siècle pour que je lui demande asile de nouveau."

J'écoute le loup me répondre qu'il en sait peu sur les Black, hormis par les histoires de sa mère. Et n'être pas même certain qu'ils connaissent son existence.

"Alors, au lieu de vous demander si il vaut mieux me tuer maintenant ou plus tard, profitez donc de la présence d'un Black en ville pour vous présenter à lui. Une telle occasion n'est sans doute pas prête de se représenter pour vous."