Edward & Bella
Whatever it takes
Les yeux écarquillés, bouche bée, je lisais et relisais inlassablement l’écriture élégamment couchée sur le papier épais entre mes doigts. Mon esprit refusait de saisir le sens des mots, qui pourtant se voulaient véridiques et rassurants. Le nom de Sulpicia Volturi, inscrit en guise de signature au bas de la lettre, était probablement à l’origine de mes doutes. Et pourtant, ce que la femme d’Aro me proposait aurait dû me précipiter sans l’ombre d’une hésitation à Volterra. Elle disait vouloir m’aider à obtenir ce pour quoi j’étais allée à la rencontre de Caius : une rencontre avec Edward. L’idée de pouvoir le voir, le toucher, lui parler me faisait perdre la tête, et me donnait envie de sauter dans ma voiture pour me rendre à Volterra sur le champ. Mais comment pouvais-je faire confiance aux Volturis ? Cela ne pouvait-il pas être un piège ?  Je réfléchissais à toute vitesse : Sulpicia, si c’était bien elle, me disait vivre un enfer depuis que Caius avait renversé ses frères, désormais relégués au même rang que leurs femmes. Elle expliquait également qu’elle avait eu vent de ma vaine visite à Volterra, et promettait de mettre tout en œuvre pour m’aider à obtenir ce que je désirais. Pour enjoliver davantage les choses, elle promettait de faire de cette visite une surprise pour Edward, prévoyant de lui mentir sur ses véritables intentions – même si je doutais qu’elle parvienne à occuper son esprit suffisamment pour qu’il n’y lise rien qui pourrait le mettre sur la piste de la vérité. S’ensuivaient une date, une heure et un lieu bien précis.

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J’ignorais si je pouvais faire confiance à ces mots, cela pouvait parfaitement être un piège. Pourtant, je ne pouvais pas laisser passer cette occasion. Par mesure de précaution, j’avais envoyé un court message à Jacob, expliquant que je partais pour Volterra, et que si je n’étais pas revenue le lendemain matin, il pourrait donner l’alerte. Je lui faisais confiance pour occuper Renesmée pendant ce temps là pour qu’elle ne se doute de rien. Et j’espérais aussi qu’il ne croirait pas que j’étais définitivement folle et que je me jetais moi aussi entre les griffes des Volturi – même si c’était peut-être un peu le cas, finalement. Je savais que si quelque chose devait m’arriver, il prendrait soin de Renesmée bien mieux que n’importe qui d’autre sur cette Terre. Je lui demandai aussi de m’excuser auprès de notre famille si le pire venait à arriver.

Avec un soupir anxieux, je fermai la porte de ma maison derrière moi, et grimpai dans la voiture d’Edward. Comme toujours, j’y retrouvai l’odeur familière qui aujourd’hui insuffla un peu d’espoir en moi, bien loin du chagrin habituel.

Je conduisis jusqu’à Volterra, mais abandonnai la voiture avant de franchir les frontières de la ville, dans un chemin peu fréquenté, à l’abri des regards. Je ne savais pas si ces précautions étaient utiles à prendre, mais je voulais être prudente et attirer le moins d’attention possible sur moi. Un large chapeau et une paire de lunettes sur la tête, je terminai le trajet à pied, un peu plus rapidement que je ne l’aurais voulu pour sembler normale, privilégiant les zones d’ombres. Heureusement pour moi, peu de monde se trouvait dehors à cette heure-ci. Je rejoignis en quelques minutes le lieu dans lequel Sulpicia m’avait donné rendez-vous. J’avais retenu sans mal l’adresse. C’était une petite maison, ancienne mais visiblement récemment rénovée, en bordure de la ville, coincée au milieu de plusieurs bâtisses, se fondant parfaitement dans la masse. Le plus à l’écart possible du château. J’avais tenté de flairer une quelconque odeur ennemie, de capter un son qui trahirait la présence de capes rouges. Mais je ne sentis aucune présence. Aussi, je poussai la porte, déjà déverrouillée. J’étais en avance. Je me postai dans ce qui ressemblait à un petit salon. Les volets étaient fermés, ne laissant passer que quelques rayons du soleil. Sans doute pour éviter aux passants de jeter un œil à l’intérieur, mais je savais que cela ne suffirait pas à me protéger si les passants en question étaient des Volturi. Je me mis à faire les cent pas dans la pénombre, à l’affût. J’ignorais combien de temps je tournai en rond ainsi. Mais je finis par flairer l’odeur d’Edward quasiment au même moment où j’entendis ses pas, sa démarche que je pouvais reconnaître entre mille. D’autres pas, plus feutrés, l’accompagnaient. Sulpicia. Je me figeai, et entendis les pas de mon mari accélérer quand il sentit à son tour ma présence. Les yeux braqués sur la porte qui nous séparait, je ne me remis à bouger que lorsque son visage m’apparut. Je clignai alors des yeux, comme pour m’assurer que je ne rêvais pas, et mon cœur fondit. La seconde suivante, mes bras étaient solidement verrouillés autour de ses épaules, mon visage enfoui contre son torse. La voix de la femme d’Aro résonna doucement dans la pièce : « Vous avez quelques heures devant vous. Je reviendrai te chercher, Edward. » Je me dégageai légèrement pour poser un regard des plus reconnaissants sur la sublime femelle. « Merci… » articulai-je dans un souffle. Puis la porte se referma. Nous n’avions pas beaucoup de temps, mais peu importait, je saurais profiter du peu qui nous serait donné. Je me fichais des prunelles rouges d’Edward, je me fichais des conséquences. J’avais tant à lui dire que même le poids de sa trahison s’était envolée. Je posai enfin mes mains sur ses joues, plongeant mes yeux dans les siens. « Salut...» murmurai-je d'une voix chargée d'émotions.

BY .SOULMATES