Libre
Bal de Noël

Un dernier coup d’oeil dans le miroir, et je me demandai pourquoi je déployais tous ces efforts. J’aurais pu faire l’affront de me rendre à ce stupide bal en jogging, mais plusieurs choses m’en avaient dissuadée. Tout d’abord le regard désapprobateur de Rosalie qui reflétait à la perfection celui qu’Alice aurait été capable de me lancer si elle m’avait vue dans une tenue pareille, et ce malgré sa nouvelle position. Ensuite, je savais qu’il valait mieux se fondre dans la masse, et ne pas me faire remarquer plus que nécessaire. Si ça n’avait tenu qu’à moi, je ne serais même pas allée au bal de Noël, mais l’idée de pouvoir ne serait-ce qu’apercevoir mon mari parmi les gardes Volturis avait fini par me convaincre. D’autant plus que je voulais protéger quiconque aurait besoin de l’être si jamais les choses venaient à mal tourner. Je posai les yeux sur ma belle-sœur, resplendissante, comme toujours. Elle me regarda en retour avec un petit sourire encourageant. Nous étions fin prêtes, et je soupirai avant de puiser un peu de courage dans la main qu’elle passa dans mon dos doucement. Je relevai un pan de ma robe désespérément, ironiquement rouge, la seule que j’avais pensé à emmener – pour je ne savais quelle raison – dans la hâte lorsque nous avions pris la décision de déménager, et nous nous dirigeâmes vers les escaliers, mes pieds avançant sans faillir dans leurs talons, ce que je ne devais qu’à ma nature vampirique.

Quelques minutes plus tard, je franchissais avec le reste de ma famille les portes du castelvecchio avec appréhension, mon masque sur mon visage. Le brouhaha de musique, de voix et de battements de cœur des nombreux humains qui nous entouraient nous enveloppèrent. Mais je n’étais concentrée que sur une seule et unique chose, que je trouvai en à peine une seconde. Edward se tenait là, au fond de la salle, au milieu des gardes Volturis. Je ne pus retenir un soupir de soulagement de franchir mes lèvres. Je voyais d’ici ses pupilles couleur rubis, mais je n’en avais que faire. Nous avions eu raison de penser que lui et Alice seraient là. Je détachai non sans mal mes yeux de mon mari pour jeter un regard circulaire sur la salle. Je remarquai Vladimir et Stefan dans un coin de la pièce, sans aucun doute à l’affût de la première occasion qu’ils auraient d’enfin obtenir leur vengeance. Je ne pus m’empêcher de penser que j’avais bien fait de venir. Mais mon attention fut attirée par Jasper qui allait déjà s’isoler plus loin. Je m’avançai doucement vers lui, devinant sans mal qu’il transmettait ses pensées à son frère à sa façon de le regarder. J’avais appris à mieux le connaître ces derniers temps. J’enserrai son bras avec douceur, me voulant réconfortante. « Ça t’ennuie si je reste avec toi ? » demandai-je dans un murmure, ne sachant s’il préférait être seul. Enfin, je me focalisai de nouveau sur Edward, qui semblait avoir entamé une discussion avec une des femmes de la garde. Je percevais leur paroles et je sentis un peu de reconnaissance de le voir ainsi, même si je ne pus retenir un ricanement amer lorsque l'inconnue parla d'avoir changé de camp. Puis je me concentrai pour m’adonner à une gymnastique que je n’avais encore jamais tentée. Je déployai mon bouclier, le travaillant pour qu’il enrobe chacun des membres de notre famille, y compris Edward et Alice, le faisant zigzaguer à travers la foule. Mais je fus obligée d’y inclure également, à contrecœur, Caïus, auquel Edward devait rester lié, et éviter d’éveiller tout de suite les soupçons du roi auto-proclamé. J’espérai sincèrement ne pas faire de faux-pas. « Hey. » pensai-je simplement à l’attention de mon mari, que j’aurais aimé isoler seul avec moi. « Tu es magnifique. » J'ignorais si j'allais être capable de manipuler mon bouclier ainsi tout le long de la soirée, mais pour le moment je voulais tenir bon.

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Bal de Noël

Je souris à Jasper en retour, consciente que sans lui ici l’idée d’affronter seule la vue de mon mari et de ma meilleure amie auprès de Caïus me serait parue insurmontable. Je reportai ensuite mon regard sur Edward pour ne plus le lâcher. Je me demandai si Caïus allait au moins nous accorder le privilège de laisser ses prisonniers nous approcher, mais j’en doutais fortement. Il voulait seulement jouer avec nous tous. Je me contentai donc de patienter, restant immobile même si je partageais cette soif de vengeance qui démangeait Jasper, il fallait bien l’avouer. Je ne me voyais pas bondir tous crocs sortis sur Caïus devant tant de témoins qui ne devraient pas assister à une telle scène, mais l’envie ne manquait pas. Je me consolais comme je pouvais avec la vue que m’offrait Edward, tout en gardant une partie de mon esprit focalisée sur mon bouclier. Mais je n’eus pas le loisir de profiter longtemps : Un bruit de pas, légers mais précipités, attira mon attention. A l’autre bout de la salle, Vladimir se ruait vers les jumeaux tête baissée. Mon corps de tendit comme un arc avant même qu’il ne s’écroule à même le sol, disparaissant derrière la foule. Je pouvais déjà entendre des battements de cœur accélérer, des murmures paniqués se propager parmi les mortels les plus proches qui eurent un mouvement de recul. Il était impossible que Jasper n’ait pas vu la même chose que moi. « Les humains ! » soufflai-je d’une voix blanche à son attention, sans le regarder cependant, horrifiée par la scène et par la façon dont elle pourrait tourner. « Il faut les distraire.. » suppliai-je en espérant que mon beau-frère fasse un miracle de son don. Mon second réflexe fut d’arracher ce satané masque qui couvrait mon visage, le jetant au sol tandis que je fonçais vers le vampire Roumain, étendant mon bouclier pour l’inclure, lui ainsi que tout le reste de la foule. Un quart de seconde plus tard, j’étais entre les jumeaux et Vladimir qui se relevait, lèvres retroussées, m’opposant à Jane. Un grondement sourd s’échappa de ma poitrine, avertissement moins destiné aux jumeaux qu’à celui qui avait tenté de les attaquer. Je n’adressai pas un regard au vampire blond, espérant que mon geste suffirait à calmer ses ardeurs belliqueuses pour le moment. Je l’aurais volontiers laissé signer son arrêt de mort sans rien faire, mais je craignais des répercussions que son acte pourrait avoir sur Edward et Alice. Je pouvais entendre derrière moi les autres membres de ma famille qui s’étaient approchés également. Ça ne pouvait pas tourner mal maintenant ! Nous aurions dû prévoir que les Roumains allaient tenter quelque chose. Les déclinaisons répétées de Carlisle face à leur plan n’avaient pas suffi à les dissuader d’agir. Et maintenant, si quelque chose devait arriver, nous étions tous coincés, obligés de faire face. Une part de moi jubilait à cette perspective. Heureusement, c'était encore l'autre moitié, la plus raisonnable, qui guidait encore mes gestes.

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